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LE CONTRAIRE DE L'AMOUR, journal de Mouloud Feraoun 1955/1962

Version scénique et mise en scène : Dominique Lurcel

Jeu : Samuel Churin

Violoncelle : Marc Lauras

Lumière : Céline Juilliard

Eléments scéniques : Gérald Ascargorta

Costumes : Angélina Herrero

Régie : Guislaine Rigollet

Eléments scéniques : Gérald Ascargorta

Production Passeurs de mémoires

Soutien à Lyon : Sixième Continent - d’Aralis/Traces immigrées en Rhône Alpes - Maison des Passages

Création en mars 2011 → Théâtre de l'Intervalle à Lyon

Festival Avignon 2011 & 2015 - Théâtre de l'Odeon (février 2012)

Festival international EN ALGÉRIE ( 2012 & 2015)

près de 150 représentations

Eric Cénat & Gérard Cherqui © Photo Guillaume Ledun
 

Quelques mots sur le Journal (1955-1962) de Mouloud Feraoun.

Mouloud Feraoun était kabyle. Il était l’ « un des plus beaux fleurons » de la colonisation française en Algérie. C’est-à-dire qu’il était nourri de culture française, qu’il était instituteur dans un petit village de Kabylie, diffusant donc les valeurs françaises qui lui avaient été inculquées.

Il était romancier. Un romancier reconnu, édité aux éditions du Seuil (son roman le plus célèbre était Le Fils du pauvre). Il était l’ami de Germaine Tillion, de Camus, d’Emmanuel Roblès.

Un an après le début de l’insurrection algérienne, il a, sur les conseils de Roblès, tenu un Journal.

Il le tiendra jusqu’à la veille même de sa mort, à Alger, le 15 mars 1962, quatre jours avant la signature des accords d’Evian. Ce jour-là, en effet, cet homme, qui pensait tomber un jour sous les balles du FLN pour ce qui pouvait apparaître chez lui comme une trop grande proximité avec la France, a été assassiné, avec cinq autres de ses collègues, sur les lieux mêmes de son travail, par un commando de l’OAS à la tête duquel se trouvait Roger Degueldre.


Son Journal, édité au Seuil après sa mort, mais épuisé aujourd’hui, est un document à plus d’un titre irremplaçable.

Samuel Churin à TIZI HIBEL - ALGÉRIE © Photo Guillaume Ledun

D’abord parce qu’il dit, sans emphase, le quotidien de la guerre, vécue au niveau d’un village kabyle. Les exactions, la peur, de tous côtés, les petites lâchetés –ce que Primo Levi appelait « la zone grise »- et les actes de courage, la torture aussi, les viols systématiques, dès 1956. La mort enfin, omniprésente, et que Mouloud Feraoun sent se rapprocher inexorablement de lui.

Irremplaçable aussi parce qu’il montre, au jour le jour, l’évolution, dans sa complexité, loin de tout manichéisme, d’un intellectuel déchiré, dans la richesse et la douleur de sa double culture, à la fois reconnaissant à la France de ce qu’elle lui a transmis comme valeurs humanistes, et en même temps conscient du mépris dont elle n’a cessé de traiter « six millions de musulmans », et, partant, de la nécessité, devenue sans appel, de l’indépendance de son pays. Un constat lucide des erreurs de l’entreprise coloniale, et de l’échec de la présence française en Algérie.

Irremplaçable surtout, peut-être, parce qu’il révèle un homme magnifique, émouvant de modestie et de rigueur intellectuelle, un Juste cherchant jusqu’au bout à « raison garder », exigeant avec lui-même comme avec les autres, sans illusion, ironique, plein de vie : il y a, dans son Journal, énormément de « choses vues », de saynètes hautes en couleur, et qui en disent plus long sur les rapports humains dans le cadre d’une colonie que tous les grands discours.

Cinquante ans plus tard, son Journal apparait comme la lente érection du tombeau de toutes les illusions : celle du discours « civilisateur », celle de l’impossible entente, celle d’un avenir réconcilié. Mais aussi comme une formidable leçon de courage intellectuel, un garde-fou pour aujourd’hui face à la toute-puissance de l’irrationnel, une parole irréductible à toutes les langues de bois d’où qu’elles viennent, dressée face à tous les silences, toutes les zones d’ombre qui pèsent encore.


La démarche théâtrale sera celle d’une passation. Une scénographie minimaliste, quelques lumières. Un « objet théâtral » très léger techniquement, susceptible d’être joué en tous lieux (y compris des théâtres…).

Aucune visée de type naturaliste. Pas de recherche d’identification. Un travail d’incarnation, en revanche, affirmant la structure et les couleurs souvent contrastées du Journal, dans la volonté de faire émerger la variété des émotions de Feraoun – colères impuissantes, ironie, découragement et espoir… -, et son rapport, complexe et multiple, à l’évènement auquel il réagit: jouer chaque instant dans sa plénitude, afin de laisser au spectateur, in fine, la liberté de se construire « son » image du personnage, et de son cheminement tout au long de ces années terribles.

Une partition à deux voix, texte et violoncelle intimement mêlés, qui puisse donner envie de découvrir cette œuvre, et donner à aimer cet homme, le faire revivre un peu à chaque représentation, lui qui, pour se justifier à ses yeux d’avoir si longtemps survécu pendant que la mort frappait quotidiennement autour de lui, écrivait, si proche en cela d’un Primo Levi qu’il n’a sans doute jamais lu : « Ceux qui ont souffert, ceux qui sont morts pourraient dire des choses et des choses. J’ai voulu timidement en dire un peu à leur place. »


Dominique Lurcel, Juin 2010.



LA PRESSE EXTRAITS

ÉVÉNEMENT AVIGNON 2011: Un témoignage unique, dont l’universalité dépasse largement l’événement qu’il couvre. Une parole libre et chaleureuse. Au cœur de l’absurde, une magnifique humanité.

J.NERSON (Le Masque et la Plume) Eblouissant. Le public est touché en plein cœur

G. COSTAZ Une mise en lumière essentielle

LE MONDE Document passionnant que Samuel Churin incarne avec force - LE DAUPHINÉ LIBERÉ On en sort estomaqué

L’HUMANITÉ Un acteur formidable - AFRIQUE ASIE Adaptation au cordeau, bouleversante - MARIANNE Acte de salubrité publique

LES TROIS COUPS Rare intensité - LE SOIR D’ALGERIE Un événement. Un tonnerre d’applaudissements dans la grande salle de l’Odéon archicomble. Tout simplement bouleversant



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