SOLILOQUES
Mise en scène : Dominique Lurcel
Jeu : Tatiana Chambert
Costumes : Elisabeth de Sauverzac
Lumières : Philippe Lacombe
Régie Générale : Thierry Charlier, Laurent Vergnaud ou Guillaume Ledun
Production : Production Passeurs de Mémoires
et la participation de la Cie Lau
Création en Mai 2000.
Théâtre de la Ménagerie de Verre - Paris
Avignon 2001. Tournées en France 2000-2005
Alger (Mars 2003) Maroc (octobre 2004).
120 représentations
Note d’intention
Soliloques : une tentative pour écrire la pauvreté. Et, puisqu’il s’agit de théâtre, pour incarner la pauvreté. non pas décrire des pauvres mais tenter de dire, de l’intérieur, l’Autre, l’Exclu - l’Homme aboli (l’expression est de Jean-Pierre Siméon). Cinq moments, cinq instantanés.
Aucun naturalisme. Ni pathos, ni misérabilisme. Le verbe de Siméon est à l’opposé du constat impuissant, de la tranche de vie désespérante. Il est souffle, énergie. Il charrie une fureur tonique, salutaire (celles et ceux qui ont vu son Stabat Mater Furiosa mis en scène par Schiaretti comprendront...). Il parie sur la résistance, le noyau dur, inentamé, de l’homme en l’homme ; Jean-Pierre Siméon est un grand admirateur de Primo Levi. Il n’y a pas de hasard.
Mettre en scènes Soliloques, aura été avant tout se concentrer sur l’écriture. Faire passer le souffle et, avec lui, la chaleur, l’émotion. Un travail centré sur la parole, le sens, l’incarnation. Gommer toute anecdote, toute “béquille”, dans le jeu comme dans l’espace et le costume. Trouver la tension, le tempo propre à chaque soliloque, sans perdre de vue l’unité de l’ensemble, que renforce, pour porter ces cinq variations, la présence d’une seule et même comédienne. Il s’agit avant tout de proposer une forme brute, techniquement très légère, immédiatement adaptable (dans et hors les murs d’un théâtre), une forme qui entend puiser toute sa force dans la double plénitude de l’écriture de Jean-Pierre Siméon et de la présence de Tatiana Chambert.
Une intervention poétique, au sens où l’entendaient les surréalistes.
Dominique Lurcel
Extraits de Presse
Tendue, vibrante, c’est notre écoute que Tatiana Chambert sollicite, voire exige. Dominique Lurcel, dans sa mise en scène, s’est attaché à l’escorte rapprochée de l’interprète, éloignant tout effet superflu, passionnément attentif à la plénitude tonique de l’écriture.
Jean-Pierre Léonardini L’Humanité
Dominique Lurcel a mis en volume, avec rigueur, ces textes étonnants ; des paroles qui semblent nous rappeler la similitude de la grande exclusion avec l’horreur des camps et nous convoquent pour nos plus simples devoirs d’humanité. Tatiana Chambert, à elle seule, incarne ces textes, ces personnages blessés à mort, ces destins cassés. Humble ou furieuse, vibrante ou brisée, elle change de voix ou de posture. pas la moindre défaillance.
Pierre David Réforme
La langue du poète Jean-Pierre Siméon se place bien au-delà de la morale. C’est pour cette raison, précisément, qu’on en prend pour son grade. En moins d’une heure, il nous réapprend ce que c’est que l’espèce humaine, par la présence de l’autre - la mendiante, le clochard, le sale - tendue comme un miroir. Mieux que la tranquillité, mieux que ce qui nous conforte, Soliloques ouvre à un essentiel de la nature humaine aussi inquiétant qu’indispensable, et sans doute inquiétant parce qu’indispensable.
Tatiana Chambert restitue le texte avec une fidélité, une conviction exemplaires ; elle n’a pas encore le supplément d’énergie ou l’imprudence de s’approprier les mots jusqu’à les malmener. L'élocution et la gestuelle ne sont pas du naturel auquel on est habitué - inconfort tantôt troublant, tantôt frustrant. Mais la force du verbe est défendue sans faille. Il faut l’entendre. On s’en relève plus près de soi-même, plus près des autres, et l’on remercie Jean-Pierre Siméon d’avoir fait voler la frontière en éclats.
Jérémie Lefebvre Urbuz.com
La connaissance est dévoilement... Jean-Pierre Siméon a levé, par la poésie et le théâtre, le rideau hypocrite couvrant cette injustice foncière, cette oppression sans bourreau. Dans Soliloques, point de discours militant ou didactique, mais une parole heurtée, convulsive comme des soubresauts d’agonie. Cinq personnages, cinq destins mutilés, tous incarnés par la courageuse Tatiana Chambert, sorte d’actrice Antigone, résistante, seule sur ce plateau vide, profond, obscur. Flux dense, pressé, de monologues parfois révoltés, parfois suppliants...
Dominique Lurcel a réalisé une mise en scène qui ne s’embarrasse d’aucune anecdote, mais joue à fond sur le sens et l’incarnation, c’est à dire la parole vive.
Pierre Corcos Chronic’art.com
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