STABAT MATER FURIOSA
Mise en scène : Dominique Lurcel
Jeu : Sylvie Laporte
Costumes : Elisabeth de Sauverzac
Lumières : Thierry Charlier
Production Compagnie Passeurs de Mémoires. Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC-Ile-de-France), du Conseil Général de Seine-et-Marne, et de la ville de Nangis.
Création à Avignon festival 2006
Note d’intention
« Je rêve d’un texte qui règle son compte (non pas définitivement puisqu’on n’en finit jamais, mais du moins radicalement) à l’homme de guerre, cet éternel masculin. Parole d’une femme, libérée autant que se peut du dolorisme que lui assignent des conventions millénaires, parole dressée en invective brutale et sans rémission face à la merde (il faut ici un mot net et absolu) du meurtre perpétuel. Stabat Mater Furiosa, donc ; et non point Dolorosa… » (JP Siméon)
Comme une parole, confisquée depuis toujours - cette mère-là est sœur des exclus de Soliloques - et qui, brusquement, toutes vannes rompues, se déverse, irrésistiblement. Avec le calme terrible d’une certitude portée par une expérience multimillénaire, et la volonté implacable de tout dire, dans un seul souffle.
Au nom de la vie. De sa douceur, et de sa fragilité.
Après avoir mis en scène, en 2000, les cinq paroles de Soliloques, magnifiquement portées par Tatiana Chambert pendant plus de quatre saisons, je savais que je me confronterais un jour à l’autre au grand monologue de Jean-Pierre Siméon. Mais j’attendais la comédienne. L’évidence s’est présentée, immédiate, avec le retour de Sylvie Laporte, perdue de vue depuis le Mistero Buffo Caraïbe, en 1999. Puissance, sensibilité « écorchée », incandescence…
Un travail évidemment, comme pour Soliloques, entièrement centré sur le souffle et les rythmes de cette écriture raz-de-marée, en essayant, sans formalisme, d’en faire entendre l’exacte prosodie.
Mais le Stabat peut aussi être lu comme une métaphore de l’acte créateur : cette mère construit sa fureur au fur et à mesure, portée par le flux du verbe en mouvement. J’aimerais arriver à rendre perceptible sur scène ce processus.
En respectant l’Avertissement de l’auteur : « Il ne peut y avoir d’équivoque : l’adresse est clairement aux spectateurs à qui la comédienne fait face.”
Dominique Lurcel
CRITIQUE
L’Imprécatrice
Jean-Pierre Siméon est l’un des écrivains les plus intéressants du jour. Poète, il publie des romans, écrit pour le théâtre. Il défend les auteurs et une très haute idée de la littérature, du livre. On connaît depuis longtemps ce monologue puissant, tout en imprécation d’un lyrisme tendu, Stabat Mater Furiosa. Il faut, pour lui donner toute sa force, une interprète capable de faire sienne, sans artifice, cette langue drue, difficile, rétive. Une comédienne capable de porter toute la violence de cette adresse au monde qui est d’abord adresse au public, une violence qui sidère, littéralement. Mais il faut que cette interprète guerrière possède aussi toute la générosité, l’humanité touchante, d’une femme consolatrice. En demandant à Sylvie Laporte, actrice d’ultra sensibilité, toute de finesse et de musicalité, intelligence audacieuse, d’interpréter le rôle, Dominique Lurcel, le metteur en scène de cette version de Stabat Mater Furiosa, tient l’essentiel de son propos. C’est sobre (Lumières de Thierry Charlier, costume d’Elisabeth de Sauverzac), tenu d’une main ferme. Il est bouleversant de voir cette interprète traversée d’une langue superbe dont elle maîtrise tous les mouvements, de recevoir cette parole qui touche et fait réfléchir.
Armelle Héliot, Le Figaro, 17 Juillet 2006.
Sylvie Laporte
Formée au Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, (Classes de Michel Bouquet, Pierre Vial, Daniel Mesguich, Mario Gonzales , Francis Girod, Bernard Dort.), Sylvie a également poursuivi des études musicales approfondies (piano classique et jazz, chant).
Elle joue par ailleurs de l’harmonica, de la flûte traversière et du djembé .
Au cinéma, elle a tourné à plusieurs reprises avec Michel Deville (La Lectrice, Aux petits bonheurs.. ;) et avec Francis Girod (Passage à l’acte, L’Enfance de l’art…). Avec Jean Rouch, également (Folie ordinaire d’une fille de Cham). Elle a joué avec Bob Hoskins, Claude Chabrol, Micheline Presle, Nicole Garcia, André Dussolier…
Au théâtre, elle a joué dans les lieux les plus prestigieux (Théâtre National de Chaillot, Théâtre National de l’Odéon, Théâtre National de la Colline, Cour d’Honneur du Palais des Papes (Avignon), Théâtre de Gennevilliers, Théâtre de la Bastille…sous la direction , notamment, de Daniel Mesguich (Folie ordinaire d’une fille de Cham), Bernard Sobel (Hécube, en compagnie de Maria Casares), Jérôme Savary (Chanteclerc), Jacques Nichet (La Tragédie du Roi Christophe. Rôle de Mme Christophe.) Elle été dirigée par Michel Dydim, Petrika Ionesco, Carlos Wittig, François Kergourlay…
Elle a déjà joué sous la direction de Dominique Lurcel, dans le Mistero Buffo Caraïbe, textes de Dario Fo, au Théâtre de la Tempête.
Elle-même conçoit ses propres spectacles, musique et théâtre. Citons, entres autres, un très beau Cahier d’un retour au Pays natal, d’Aimé Césaire, au Théâtre de la Tempête et au Festival d’Avignon.
Jean-Pierre Siméon
Poète, romancier, dramaturge, critique, Jean-Pierre Siméon est né en 1950 à Paris. Professeur agrégé de Lettres Modernes, il a longtemps enseigné à l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Clermont-Ferrand, la ville où il réside.
Il est l’auteur de cinq romans, de livres pour la jeunesse, et de sept pièces de théâtre.
Il a fondé avec Christian Schiaretti le festival Les Langagières à la Comédie de Reims, et est désormais auteur associé au TNP de Villeurbanne.
Il a créé en 1986 la Semaine de la poésie à Clermont-Ferrand. Il a été membre de la commission poésie au CNL et a collaboré comme critique littéraire et dramatique à l’Humanité.
Il dirige avec Jean-Marie Barnaud la collection « Grands Fonds » à Cheyne Editeur.
Il est directeur artistique du Printemps des Poètes depuis 2001.
Il publie chez Cheyne Editeur depuis vingt ans tous ses recueils de poésie. Son œuvre poétique, qui compte une vingtaine de livres, lui a valu le Prix Théophile Briant en 1978, le Prix Maurice Scève en 1981, le Prix Antonin Artaud en 1984, le Prix Guillaume Apollinaire en 1994, le Grand Prix du Mont Saint-Michel, en 1998, pour l’ensemble de son œuvre, et, en 2006, le Prix Max Jacob, pour son dernier recueil, Lettre à la femme aimée au sujet de la mort.
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